Avant d’avoir ma fille, je m’étais jurée de ne pas piquer de colères à son encontre, d’appliquer les principes de parentalité positive que j’avais lus et relus avec attention. Et pourtant, ça a été plus fort que moi, dès que son comportement n’était pas celui que j’attendais d’elle, je me mettais à lui crier dessus. Je perdais mon calme pour un rien, la moindre de ses attitudes me faisait partir au quart de tour.
Qu’elle refuse de mettre ses vêtements, qu’elle traîne pour aller prendre son bain, qu’elle ne mange pas assez à table, qu’elle insiste pour aller au parc, qu’elle chouine parce que je ne voulais pas jouer avec elle, qu’elle étale ses Legos sur le tapis, qu’elle refuse d’aller se coucher ou qu’elle renverse son verre de lait par accident … tout me mettait hors de moi de façon totalement disproportionnée.
Je lui criais dessus et semais en elle des phrases que je n’aurais pas imaginées lui dire :
« Tu le fais exprès ou quoi ? Si tu n’écoutes pas tu n’auras pas ton dessin animé ? Si tu ne manges pas, tu n’iras pas à l’anniversaire de ton amie ! Mais comment peux-tu être aussi chiante ? Mais qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Et bien voilà, c’est de ta faute, c’est parce que tu ne m’écoutes jamais, parce que tu n’en fais qu’à ta tête ! Pourquoi je te ferais plaisir, tu me fais crier tout le temps ! Mais fiche-moi la paix je n’en peux plus ! File dans ta chambre, tu es trop capricieuse … »
Je reproduisais inconsciemment mon schéma d’éducation
Même si je savais très bien comment être une maman bienveillante en m’appuyant sur la parentalité positive, en étant à l’écoute des besoins de ma fille, trop souvent les émotions enfouies de ma propre histoire sortaient de moi comme un geyser. Je perdais le contrôle, je ne comprenais pas pourquoi, je m’en voulais tellement. Je dépensais pourtant une énergie de dingue à être la maman parfaite mais ces pertes de contrôle me faisaient me sentir nulle et je me détestais pour cela.
A cette époque, je ne me rendais pas compte que cet état de colère permanent, cette impatience, cette agressivité verbale me servaient à libérer ma propre frustration. J’étais tout le temps insatisfaite même si ma vie était plutôt chouette. Pourtant, je savais bien donner le change, mettre le masque de la working mum parfaite. Je mentais aux autres mais c’est à moi que je mentais en réalité, en faisant tout le temps « comme si », en jouant « le rôle de ».
Je libérais ma frustration sur ma fille, ses comportements étaient mes exutoires. Ma colère n’était pas dirigée contre elle mais contre moi-même. Je ne pouvais pas gérer ma fille comme une to do list, je ne pouvais pas la contrôler, son comportement m’échappait et toute la pression que je me mettais à être parfaite me faisait exploser au moindre prétexte.
Depuis, j’ai mis en application la citation d’Einstein : « c’est de la folie de croire qu’en gardant le même comportement le résultat sera différent ». J’ai donc travaillé sur moi et changé mon comportement et comme par magie, celui de ma fille, par effet miroir a changé aussi.
Pour la working mum au désir de perfection et de contrôle absolu que j’étais, le plus difficile a été d’admettre que j’étais responsable de mes réactions vis à vis des attitudes de ma fille. J’ai choisi une autre option que la colère en mettant des mots sur « ma » colère et en écoutant mes émotions plutôt que de les subir.
Pourquoi m’a t-il fallu du temps pour en arriver où j’en suis aujourd’hui ?
Parce que je m’étais complètement oubliée au profit des autres. Parce que je ne pouvais pas être à l’écoute des besoins de ma fille sans avoir conscience des miens. Parce que c’était plus facile de me dire que tout était la faute des autres. Parce que c’était difficile d’admettre que j’étais responsable de ce qui ne me convenait pas. Parce que seule, je ruminais, je subissais, je n’agissais pas. Me retrouver moi a été mon premier pas pour agir sur mes cris de maman qui avait la tête dans le guidon.
Aujourd’hui, je crie encore sur ma fille, je suis humaine et imparfaite (et c’est tant mieux!) mais je sais prendre le temps de me comprendre et d’en parler avec elle. Je lui dis que je crie, que je suis en colère mais que ce n’est pas contre elle, je fais une pause, je respire, j’arrête de monter dans les tours, je prends du recul, j’analyse la situation, je pose des mots et ça passe. Je ne m’en veux plus car j’ai accepté que je pouvais parfois péter un câble, j’en ai le droit, comme j’ai le droit de donner des explications à ma fille pour qu’elle ne se dise pas que c’est de sa faute.
Retrouvez mon guide pratique anti burn out « le jour où j’ai coupé l’oreille du doudou de mon enfant »
Qui suis-je ?
Je suis Sandrine Joineau, créatrice de « au bonheur des Working Mums ».
Comme vous, je n’arrivais pas à concilier ma vie de maman, de femme active et de femme. Trop de stress à cause de ma pression à être parfaite sur tous les fronts. Trop de tension avec ma fille. Trop d’insatisfaction, de frustration. L’exemple de Working Mum que je donnais à ma fille : stress, manque de confiance en moi, phrases négatives sur moi, cris, punitions, menaces… n’était pas celui que j’avais imaginé.
Un jour, à bout de nerf, j’ai coupé l’oreille de son doudou. J’ai pris conscience que je devais changer mon comportement. J’ai découvert le développement personnel, la parentalité positive et j’ai développé ma méthode pour plus de sérénité et de satisfaction. J’ai compris que je me prenais pour Wonder Woman, que je faisais passer les besoins des autres avant les miens et qu’ inconsciemment j’attendais leur reconnaissance. Insatisfaite et stressée, je passais à côté du bonheur d’être maman.
Je me suis formée au coaching et aujourd’hui, parce que je l’ai vécu et que j’ai changé, j’aide les Working Mums à concilier leur vie de maman et de femme active sans oublier leur vie de femme, grâce à une méthode d’accompagnement sur-mesure et ludique qui s’appuie sur la psychologie positive et la parentalité responsable.
Article percutant, merci!